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«Coup de coeur pour le spectacle « Ainsi va la vie » de Samuel Perthuis - Anne.Do Zufferey

 « Il fait beau comme jamais ! »

Une ode à la vie, à l’amour, à l’amitié, à la sagesse de l’âge qui avance. Un spectacle d’une finesse extraordinaire, une histoire de vie qui nous fait du bien en ces temps troublés. L’émotion est au rendez-vous.

Les spectateurs entrent au théâtre par un couloir étroit (en fait, on entre dans une maison de l’Avenue du Marché bien connue des sierrois). Des escaliers en pierre mènent à l’étage. On sonne. La voix douce et résolue de Blanche Jacquemin nous invite à entrer dans son appartement. Un appartement (pour de vrai) avec ses meubles vintage, ses photos accrochées aux murs, ses livres dont les traces d’usage montrent qu’ils ont été lus et relus. Des boîtes de thé, un scrabble posé sur une table ancienne, des jouets d’enfants, de petits verres préparés pour l’apéro (pour de vrai) sont les témoins matériels d’une vie aux souvenirs joyeux et doux amers, la vie de Blanche, celle qu’elle nous livre avec réalisme, tendresse et humour, au cours d’une heure hors du temps. Un sentiment d’intimité avec Blanche nous habite dès les premières minutes du spectacle. Blanche attend du monde, beaucoup de monde dit-elle en souriant. On se sent un invité privilégié. Et on l’est. L’esquisse du petit club qui se retrouve pour jouer avant de partager l’apéro et refaire le monde, nous donne furieusement envie d’entrer dans ce cercle des poètes disparus. La voix de Véronique Mermoud, magnifique, incarne Blanche avec justesse et émotion. On retient ses larmes, par pudeur, comme Blanche. On ressort du spectacle vivifié. On sera attentif dorénavant aux petits moments de notre vie qui la rendent grande et précieuse. Avec cette phrase en tête : « Vivre c’est vieillir. Vieillir, c’est encore apprendre. La vieillesse, c’est l’autre nom de l’avenir. »

Dans les coulisses Samuel Perthuis, auteur et concepteur génial du spectacle, est comédien et metteur en scène. Il s’est formé à la Manufacture de Lausanne puis à Berne. Son travail de master séduit Julien Jacquérioz, directeur du TLH. Le projet est novateur, par le lieu, le dispositif technique ainsi que la construction du spectacle. Comme nous l’avons dit plus haut, le récit se déroule dans un appartement, au centre ville de Sierre (qui pourrait être aussi une autre ville tant l’histoire est universelle). Le visiteur, muni d’un casque audio, est guidé par la voix de la comédienne dans les espaces de ce lieu habité. L’histoire est construite sur la base de témoignages. Samuel Perthuis a écouté ces gens, rassemblé leurs souvenirs, lu des essais sociologiques. Il a fait de ce matériel brut un récit fort, tout en poésie, en nuances, en optimisme et en joie de vivre. Samuel écrit à haute voix confie-t-il. Le temps de l’écriture est un temps long. Il a commencé le récit par la fin, puis écrit par séquences avant de le construire définitivement.

La scénographe, Fleur Bernet, a conçu le décor de l’appartement comme un décor de cinéma. Chiner, fouiller chez les antiquaires a été un vrai plaisir pour la jeune femme. Une démarche joyeuse, à l’image de la pièce. Le spectateur est invité à chiner à son tour, un vrai bonheur…

Le résultat est enthousiasmant. Une perle à découvrir de toute évidence.

Bon à savoir : la pièce se joue dans un appartement au numéro 6 de l’Avenue du Marché. Inutile d’aller au TLH, vous perdez du temps… On entre par groupes de 3 personnes, toutes les 20 minutes. Merci d’être à l’heure au rendez-vous pour éviter trop de stress à l’équipe !!!!

A voir au TLH jusqu’au 2 avril. Informations www.tlh-sierre.ch

Réservations par mail : tlh@sierre.ch

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Isabelle Bagnoud Loretan  est née à Genève et a suivi des études en sciences politiques. En 1994, elle s’installe en Valais. Rédactrice en chef du Journal de Sierre , elle conçoit en 2015 avec Grégoire Favre et Valérie Roten la revue L’Imprévisible qui réunit des écrivains et des artistes autour d’une même thématique. Le quatrième volume est consacré à la forêt. A travers ses interviews et articles, la réalisation de quelques expositions et des médiations culturelles, la journaliste réalise que l’art est indispensable. Car les artistes interrogent la société, sans langue de bois, projettent les peurs et les espérances, posent un regard vif et brûlant sur notre histoire. Elle espère aussi que la création d’un blog encouragera les lecteurs à venir découvrir les spectacles présentés au TLH-Sierre. Des spectacles vivants.

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